La maison du Docteur Gachet a fait l'objet d'une restauration. Qu'a-t-on cherché à restituer en retrouvant les teintes acidulées des murs, en restaurant les papiers peints d'origine ?

N'y aurait-t-il pas lieu de pousser cette logique de restitution de la demeure de la fin du siècle dernier en supprimant , tant que faire se peut, toutes traces modernes, les prises et les interrupteurs, cacher la technique et la sécurité indispensables.

Dans cette optique, seuls les dispositifs de scénographie, intégrés dans l'espace, viendraient souligner le travail de remise en valeur qui a été entrepris pour garder à la maison ses couleurs et ses tonalités d'époque.

Le paradoxe, bien évidemment, consiste à concevoir la scénographie autour d'un lieu vidé de sa substance, dépouillé de tous ces tableaux d'hier qui sont autant de chefs d'oeuvre aujourd'hui. Le parti pris, compte tenu des dimensions des différents espaces, du respect des communications entre les pièces et des décors reconstitués est donc d'élaborer une scénographie pour chaque étage, distante des murs pour que ceux ci continuent à délimiter l'espace.

Il n'y aura pas d'objet fixé aux murs parce que selon nous, nous ne sommes pas dans un musée, dans un lieu de présentation didactique sur un sujet quelconque. Il n'y a rien à apprendre. L'objet de la scénographie est de saisir une émotion, de ressentir qu'ici, s'élaborait sciemment entre les uns et les autres une nouvelle vision de la réalité, une conception radicale et neuve de l'émotion qui allait changer notre regard à chacun sur les choses et sur l'art lui-même.